Une sucette, s'il vous plaît.

▌Entrée achetée le : 03/10/2010

Athénaïs déambulait dans la foule à la recherche du stand de confiseries. Comme elle était toujours en apprentissage, elle n'avait rien à faire de la journée, simplement apprendre en observant le comportement des autres. Par contre, on remarquait aisément qu'elle n'était pas ordinaire. Une jeune femme qui a presque atteint son 18ème anniversaire et qui est attachée à une petite poupée en peluche un peu effrayante, ça n'a rien de commun. Ce n'était pas plus grave, elle s'habitua rapidement aux petits enfants qui demandaient à leurs mères si elle était méchante, aux curieux qui fixaient sa marionnette, aux aristocrates qui semblaient prêts à la kidnapper pour lui tirer les plus grands secrets du cirque... Alourdie par sa timidité, Athénaïs marchait tête baissée à travers la foulée ne connaissant toujours pas précisément l'emplacement du stand. Surtout que sa vue était bloquée par les passants et qu'elle ne pouvait trimballé sa poupée à bout de bras au risque de passé pour une totale idiote. Par contre, pour une femme atteinte de cécité elle se débrouillait bien tout de même, même trop bien selon l'air intrigué de certains inconnus qui croisaient sa route. On lui avait dit de bien faire attention avec ses dons, elle tentait donc de faire de son mieux.

Monsieur vous marchez sur ma robe, excusez-moi... Merci beaucoup.

Son rire s'était emmêlé aux nombreux autres bruits que produisait l'agitation du cirque. La jeune femme se pencha et déposa sa poupée pour libérer ses mains afin de nettoyer le bas de sa jupe. Athénaïs portait une vieille robe qui rappelait celle d'une servante. Fabriquée à la main par ses soins, elle était faites de morceaux de tissus, prit ici et là, et s'harmonisait parfaitement au style de ses marionnettes, qui sont aussi ses propres créations. Alors qu'elle terminait son nettoyage, un jeune garçon marcha accidentellement sur le bras de la poupée et Athénaïs poussa un cri de douleur impressionant. Le petit garçon se mit à pleurer instantanément et se figea, balbutiant des excuses inaudibles. La vaudouiste lui dit qu'il n'y avait pas de mal, malgré que quelques fines lignées de sang coulaient le long de son bras et qu'il commençait déjà enflé un tout petit peu. Elle se leva et ramassa sa poupée de bras encore valide et décida de fuir cette scène, espérant qu'on ne l'avait pas remarquée et qu'elle pourrait penser à autre chose d'ici une heure. Le stand devait être près, se dit-elle, pour qu'elle puisse penser à autre chose.
Le soleil dans les yeux, elle tentait de le cacher avec l'aide de sa main droite, mais son bras blessé n'arrivait pas à tenir bien longtemps dans les airs. Elle marchait donc, sans repères ou presque, les yeux plissés par la lumière du soleil et un membre endommagé légèrement. De surcroît, l'odeur du sang lui donnait la nausée. Pour une première journée, elle avait gagné le gros lot.
Finalement, après quelques autres minutes de recherche, elle trouva le comptoir qu'elle cherchait et se plaça à la file pour aller chercher sa gourmandise de la journée. Il y avait seulement deux personnes devant elle, une jeune femme qui visiblement était assoiffée et un couple âgé à la recherche des vieux souvenirs que les pommes d'amour évoquaient. Ça ne prit que 2 minutes et se fut son tour. Soudainement, un homme passa devant elle et commanda une sucette. Ce qu'elle était venue chercher. Elle ne dit rien quant à l'agissement de l'inconnu, par contre lorsqu'elle commanda la même chose que l'homme son collègue lui annonça qu'il était en rupture de stock, par contre il offrit une glace à la fraise, celle qu'elle préférait, avec une deuxième boule en prime. Comme à l'habitude, elle lui offrit un petit merci timide et lui remit quelques pièces en pourboire, comme elle n'avait pas à payer sa consommation, elle offrait toujours un petit surplus. Un peu déçue, elle se laissa glisser sur un banc près du stand et dégusta sa glace, l'air perdu.

On m'a prit ma sucette, tu as vu ça Shelly ?.

Il lui arrivait souvent de discuter avec ses poupées, ce qui donnait souvent des scènes assez amusantes. Chacune d'elle avait un nom, une personnalité propre, un usage particulier. Shelly est sa poupée personnelle, elle l'utilisait seulement comme yeux. Elle est sa jumelle, une partie d'elle-même.

Bien sûr que tu as vu, c'est plutôt moi qui ne l'ai pas vu, hihi... Je devrais demander à Monsieur Loyal de faire un spetacle d'humour, au lieu d'hypnose... Tu crois pas ? Non... ah bon...

» ♠ C'est vous l'artiste !
» Sinon, vous faites aussi des pâtes ?

Une sucette, s'il vous plaît.

Une sucette, s'il vous plaît.

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