♠ Contexte

▌Entrée achetée le : 22/06/2010

♠ The Weepers Circus ♠

“ LE CIRQUE DE CEUX QUI PLEURENT“

H

avre de paix pour des marginaux ne se laissant pas entraver par les limites d'une société dite respectable, le Cirque a toujours suscité un curieux mélange de fascination et de crainte dans le coeur des honorables citoyens. Chacun avait sa spécialité. Jongleurs étonnants, jeunes prodiges... Celle du Weepers était le fantastique. Sceptiques comme amateurs de surnaturels ressortaient de leur grand chapiteau un sourire incertain vacillant sur leurs lèvres et des interrogations plein l'esprit.

Après avoir disparu pendant près d'une décade, baroudant sur les routes d'Europe, ne s'installant jamais dans une cité pendant plus d'une journée, le Weepers Circus planta finalement ses piquets dans la petite ville de Lockerbie, dans le Sud d'une écosse pluvieuse. Les Saltimbanques prirent alors possession des quartiers, hantant les moindres de ses recoins avec une étonnante ardeur.

“ FREAKS WANTED.“

clamait l'affiche le long de la caravane

C'

était drôle. Comme si on recrutait des monstres par petites annonces. Personne n'y croyait d'ailleurs et chacun se moquait bien de ce Cirque hybride aux airs de fête foraine qui achevait de monter son chapiteau. Puis les moqueries se firent plus ténues à mesure des représentations. Peut-être était en partie dû à cette troupe atypique qui attirait tout les regards. Il fallait bien dire que chaque spectateur avait beau chercher les effets spéciaux, les tours de passe-passe dans les facéties du magicien, même l'oeil le plus aguerri ne trouvait qu'authenticité. Au bout de quelques jours, une poignée de citoyens de Lockerbie se joignit au groupe.
Les jours, les semaines passèrent sans que le Cirque ne lève le camp. Il semblait définitivement installé, malgré le courroux du maire qui persistait à vouloir les déloger à tout prix.

Etroitement lié à la petite ville écossaise, The Weepers Circus n'est pas décidé à remballer ses numéros, il ne manque pas d'idées pour épater la galerie et tout le Royaume-Uni qui afflue vers Lockerbie pour se frotter à cette curiosité qu'est la troupe du Weepers. Constituée de quelques anciens criminels (Voire toujours criminels), d'une danseuse du ventre marchant sur l'eau, d'un homme invisible ou encore d'un avaleur de sabres, elle constitue l'une des plus grande attraction actuelle en Grande-Bretagne.
Il est encore trop tôt pour savoir si cette arrivée providentielle est un don de Dieu... Ou une malédiction. En attendant, l'économie et les petits commerçants profitent grassement de l'invasion touristique, sans se préoccuper des familles fondatrices et du maire qui désapprouvent à grands cris l'installation du cirque.

La vie de la troupe n'est pas aussi facile qu'il n'y paraît. Secrets, non-dits, rivalités, sans oublier les regards ouvertement hostiles que leurs adressent les citoyens. Si certains acceptent les artistes sans se poser de questions, d'autres n'ont de cesse de les harceler, les poussant à abandonner la ville.

Allons, amis ! N'ayez craintes ! Vous dira toutefois Mr Loyal.
Les portes du Grand chapiteau vous sont toujours ouvertes, petits et grands curieux. Que ceux qui sont assez courageux pour observer et s'émerveiller sans toucher s'y engouffrent.
Et pour ceux dont les aptitudes particulières peuvent être misent à profit, le Weepers Circus vous garde toujours une place au chaud.

The curtain rises. The circus is in town !

“ Faites entrer la lumière. “

« Approchez, approchez, petits et grands ! Que les curieux s'avancent, que les peureux prennent leur courage à deux mains. Le Weepers Circus, oui, le Grand Cirque de ceux qui pleurent est en ville ! »

J

uché sur un éléphant, Mr Loyal, étincelant de son vêtement rouge et doré, débitait son discours publicitaire sous un soleil écossais pour le moins inhabituel. Tout un cortège d'étonnantes curiosités le précédait. Devant l'ébahissant dresseur de fauves, on pouvait trouver le charmeur de serpents aux pupilles ovales et à l'iris opalin, se succédaient ensuite les danseurs et les lanceurs de couteaux, jusqu'à l'homme aimant. La seule chose que l'on pouvait reprocher à cette étrange succession de cas particuliers, outre le fait qu'ils fassent plus de bruit que n'importe qui d'autres, était qu'en dépit de leur apparente excentricité, ils ne rassemblaient pas que des êtres particuliers.
En plissant les yeux, Charles McCormick pu reconnaitre Àndras Chaikovski, jadis arrêté pour le meutre d'une jeune fille et soi-disant repenti. Plus loin encore, il discerna le visage de Scarlett Sörensen, recherchée pendant cinq ans pour le meurtre se son mari.
Un vague de colère envahit l'Aristocrate. Ils étaient de retour. Comme ils l'avaient annoncé, Dix années plus tôt. Mais jamais il ne laisserait Lockerbie sombrer.

«Jamais le Weepers Circus ne plantera ses germes maudits sur notre terre. Il n'en est pas question ! Nous n'autoriserons pas de telle chose. » s'écria-t-il vaillamment.

Les cris et la musique s'estompèrent et un silence écrasant lui succéda. Plusieurs habitants hochèrent la tête pour appuyer l'aristocrate.

« Parfois, certaines choses arrivent sans que l'on ne puisse les expliquer, Mr Holloway. Pas parce qu'elles sont le fruit du hasard. Tout simplement parce qu'elles relèvent d'un univers que l'on préfèrerait ne jamais avoir à connaître.
Pour la plupart d'entre nous, le meilleur moyen de vivre avec est encore de l'ignorer. De faire comme si tout ceci n'existait pas et de cantonner ce genre d'histoires aux rêves fantasmagoriques de Balzac ou Shakespeare. Nous arrivons tout juste pour vous faire découvrir les joies du cirque. N'espéraient pas que l'on vous fausse compagnie dès demain. Lockerbie est une si jolie ville... » Souffla une voix éteinte à sa droite.

Elle avait sobrement prononcé ces mots, débitant ses paroles d'un ton à la fois doux et monocorde. Lui qui était habituellement hermétique à ce genre de discours éthéré ne put empêcher cet insidieux frissons de secouer son échine. Il secoua la tête, pas franchement convaincu.

«Ne vous en déplaise, Mr Le Maire et fondateurs. N'en déplaise à ces aristocrates coincés qui ne veulent de la fantaisie dans leur triste existence... Le Weepers Circus plantera bel et bien son grand Chapiteau ici. Les années 30 sont biens trop tristes pour qu'on refuse de les égayer. La crise économique, les péripéties boursières... Voyez-vous, nous ne sommes pas plus ignorants que vous. Il serait tout bonnement incroyable que vous nous chassiez de vos terres. Pensez donc à vos enfants et laissez nous allumer quelques étoiles dans leurs yeux.
Allons allons. Assez perdu de temps. Au plaisir, Sir McCormick...
MUSIQUE, Maestro ! »
Dans un dernier barrissement et un ultime concert de cymbales, la troupe s'ébranla et traversa la rue pour s'engouffrer vers leur nouveau domaine.

▌Entrée achetée le : 22/06/2010

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